Histoire de l’Institut
Créée sous la Constituante par la loi du 21 et 29 juillet 1791, l’institution des sourds de naissance avait pour finalité la poursuite de l’œuvre philanthropique de l’abbé Charles-Michel de L’Épée (1712-1789), premier «instituteur gratuit des sourds et muets ».
Après avoir passé un peu plus de trois ans au sein de l’ancien couvent des Célestins, l’école est installée le 4 avril 1794 dans les bâtiment d’un ordre religieux, les oratoriens de Saint-Magloire, sur le site actuel du 254 de la rue Saint-Jacques. Comme beaucoup d’autres dans le quartier, largement occupés par divers monastères et couvents, ces bâtiments sont confisqués par le gouvernement révolutionnaire.
L’abbé Sicard, nommé directeur suite au décès de l’abbé de L’Épée, y installe ses élèves sourds, filles et garçons. De nombreux travaux, étalés sur plus de 40 ans, seront nécessaires pour remettre en état les bâtiments délabrés. Cela n’empêche pas en juillet 1817 un incendie de démarrer dans l’église, au-dessus de laquelle les élèves dormaient alors. Ce corps de bâtiment, entièrement détruit par l’incendie, sans faire de victimes, sera reconstruit et abrite aujourd’hui la salle des Fêtes, baptisée « Salle abbé de L’Épée ». Les autres ailes de l’Institut seront progressivement rehaussées jusqu’à atteindre quatre étages, avec des combles aménagés au cinquième. Un prolongement en vis-à-vis du logis abbatial, côté jardin, est ajouté durant la seconde moitié du XIXe siècle pour y installer les ateliers professionnels.
À cette même période, en 1859, les garçons et les filles sont séparés entre les deux institutions nationales de sourds-muets que sont Paris et Bordeaux. Les filles partent dans le sud, tandis que les garçons doivent venir s’instruire à la capitale.
Le 24 novembre 1878, en présence d’une importante délégation gouvernementale, une statue de l’abbé de L’Épée est inaugurée dans la cour d’honneur, réalisée par Félix Martin, ancien élève de l’Institut. L’instituteur y est figuré debout, montrant le signe « Dieu » et sa transcription en français et en alphabet dactylologique à un jeune garçon. Moins de deux ans plus tard, en août 1880, lors du congrès de Milan pour l’amélioration du sort des sourds, l’utilisation de la langue des signes au sein des écoles pour jeunes sourds est bannie. Jusque-là l’enseignement était réalisé généralement avec la méthode dite mixte, liant langue des signes, français écrit, et oral pour ceux qui y parvenaient, sans obligation néanmoins. Dès la rentrée 1880, seul l’oral est toléré pour s’exprimer au sein de l’établissement. Les professeurs sourds perdent alors toute possibilité d’enseigner auprès des jeunes de l’Institution et sont renvoyés.
Il faudra attendre jusqu’en 1991 avec l’amendement dit « Fabius » afin que les élèves sourds aient la possibilité de choisir leur moyen de communication à l’école. Puis en 2005 est votée la loi pour l’égalité des droits et des chances des personnes en situation de handicap. Cette nouvelle législation a pour objectif de rendre accessible à toute personne porteuse de handicap tous les différents aspects de la société, tel que la scolarité.
Entre temps, en 1989, l’Institut a connu la construction d’un grand bâtiment moderne sur son terrain : le nouveau bâtiment des ateliers, dans lequel se trouve également un gymnase. En creusant les fondations de ce nouveau bâtiment, un four à poterie gallo-romain de près de 2 000 ans a été mis au jour. En raison de son exceptionnel état de conservation, il a été décidé de le garder visible sous une dalle de verre, au rez-de-chaussée du bâtiment des ateliers.
Cartel historique (Version française)
Historical cartel (English version)