Le roi des ogres au régime
Conte de Didier Lévy et Anne Wilsdorf interprété en Langue des Signes Française par Nadia Bourgeois, professeur à l’INJS
Le roi des Ogres au régimeBouba est le roi des Ogres.
Du matin au soir, il dévore !
Frites, gâteaux, bonbons, saucisson, hamburgers, sodas :
il y a toujours de la place dans son estomac !
Mais un jour, Bouba appelle Waldemar, son cuisinier :
— Je ne rentre plus dans mon costume, Waldemar !
— C’est normal, répond le cuisinier, vous mangez n’importe quoi toute la journée.
— Je suis le roi des Ogres ! s’énerve Bouba.
Je mange ce que je veux et autant que je veux !
Qu’on me fasse immédiatement un autre costume !
Un peu plus tard, Bouba rappelle Waldemar :
— Je ne passe plus par la porte !
— C’est normal, répond Waldemar, vous mangez n’importe quoi toute la journée.
— Je suis le roi des Ogres ! s’énerve Bouba.
Je mange ce que je veux et autant que je veux !
Qu’on élargisse immédiatement cette porte |
Dans l’après-midi, Bouba appelle une nouvelle fois Waldemar :
– Le parquet s’enfonce sous mes pas !
— C’est normal, répond le cuisinier, vous mangez n’importe quoi toute la journée.
— Je suis le roi des Ogres ! s’énerve Bouba.
Je mange ce que je veux et aut..
Mais Bouba ne finit pas sa phrase.
Sous son poids, le parquet s’ouvre en deux, et Bouba passe au travers |
Pauvre Bouba, il est tombé sur le dos |
Il ne peut plus se relever !
Il s’énerve, il hurle :
— Au secours |
Vite, Waldemar le hisse avec une grue.
Puis il le repose aélicatement sur son trône.
Bouba se met soudain à pleurnicher :
— je ne peux plus rien faire. Je me sens comme une baleine échouée sur la plage.
— Allons, majesté, le console Waldemar, un petit régime, un peu de sport, et vous vous sentirez mieux.
— D’accord, renifle Bouba en hochant piteusement la tête.
Le roi des Ogres ne mange plus du matin au soir, juste cinq fois par jour : petit déjeuner, collation du matin, déjeuner,
goûter, dîner.
Et son alimentation est maintenant variée : légumes, viande, poisson, fromage, fruits.
Bouba maigrit, mais toute la journée, il pense à manger.
Ce n’est pas qu’il ait faim, non, c’est juste qu’il s’ennuie.
Manger, c’est distrayant.
Ça fait passer le temps.
Les semaines passent. Bouba a tellement maigri qu’il flotte dans ses vêtements.
— Waldemar ! crie-t-il. Qu’on vienne rétrécir mon pantalon !
— Impossible, majesté, le couturier est en vacances ! répond Waldemar de la cuisine.
Alors Bouba va chercher du fil et des aiguilles.
Et il se met à coudre en ronchonnant.
Et puis, la couture, il commence à trouver cela rigolo.
Ça le détend, ça l’amuse.
Après avoir rétréci son pantalon, Bouba décide de rapiécer sa veste de pyjama.
Bouba a encore envie de faire de la couture.
Pour avoir du tissu, il découpe les rideaux, les draps,les nappes.
À la fin de la journée, Waldemar frappe à la porte.
— C’est bientôt l’heure du dîner.
— Déjà ?! sursaute Bouba. Je n’ai pas vu le temps passer.
— Qu’est-ce que vous faites, majesté ?
— Je t’ai fabriqué un costume, Waldemar. Essaye-le !
Waldemar enfile l’habit.
Bouba a l’air si content de lui que Waldemar n’ose pas dire
que le pantalon a euh… un petit défaut.
— Demain, je fais le même pour moi ! déclare Bouba.
— N’oubliez pas la deuxième jambe du pantalon, alors, dit gentiment Waldemar.
Bouba sourit, tout confus.
Mais pour la première fois depuis longtemps, il est heureux.
Et en plus, c’est l’heure de la soupe !